LE FIGARO - mardi 1er octobre 2002 - "PERSONNAGES" de Jacques Pessis

    Préfaçant le témoignage de Maryvonne et Yvon Dray figurant dans le livre Karine après la vie (chez Albin-Michel), Didier van Cauwelaert a voulu faire partager à Paris, à des Français cartésiens, les expériences de matérialisation vécues au Mexique par ce couple qui a perdu sa fille dans un accident de voiture. "Les parents communiquent avec elle, entre autres, au cours de cuarto de luz, c'est-à-dire chambre de lumière", explique Didier. Et cela par l'intermédiare d'un médium prénommé Samuel. La semaine dernière, cet ancien plombier qui n'avait jamais quitté son pays est arrivé à Paris pour participer à quatre séances auxquelles van Cauwelaert avait invité, entre autres, des scientifiques, des médiums et des personnalités provenant de divers horizons. Tout s'est déroulé dans une salle contrôlée par des huissiers ayant vérifié, autant que faire se peut, l'absence de trucage. A chaque fois, pendant plus de trois heures, dans une pièce fermée à clé, dans le noir complet, les participants ont lié leurs mains afin d'accumuler l'énergie nécessaire à l'expérience, enchaîné les chants mexicains et des airs joyeux comme La Romance de Paris. Ils ont ainsi fait apparaître, sous forme d'image lumineuse, pendant un long moment, l'esprit d'Amajur, un maître spirituel, qui se manifeste dans ce type de réunion au Mexique depuis soixante ans. "Certains sont repartis troublés, d'autres sceptiques, ce qui me convient parfaitement, ajoute Didier. Mon but n'était pas de convaincre ou d'assurer la promotion du livre, mais de provoquer des interrogations."

 

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MARIE-CLAIRE de Novembre 2002 - ENVIE DE LIRE par Céline Varnier

    Quel est le point commun entre Didier van Cauwelaert et Yaguel Didier? Le paranormal. Pour le romancier, une fascination. Pour la voyante, sa façon de travailler. L'oeuvre de Didier van Cauwelaert traduit, indéniablement, sa passion pour le paranormal, comme l'ont montré "La vie interdite" et "L'apparition". L'écrivain aime bien inventer et vérifier ensuite. Pour son nouveau livre étonnant, "Karine après la vie", il n'en a pas eu besoin. A force d'imaginer des histoires d'amitié entre les fantômes et les vivants, il fallait bien que cela lui arrive un jour dans la réalité! L'auteur nous fait le récit troublant de sa rencontre avec Karine décédée, il y a cinq ans, dans un accident de voiture. Cette jeune fille de 21 ans continue de "vivre" auprès de ses parents grâce à la transcommunication instrumentale (TCI). Cette technique regroupe les différents moyens audiovisuels et informatiques censés permettre aux défunts de contacter les vivants. Au départ, Didier van Cauwelaert reste sceptique. Mais, très vite, il se rend à l'évidence: Karine lui parle, Karine blague à ses côtés. Van Cauwelaert réussit, avec humour, sensibilité et simplicité, à nous parler d'un sujet tabou dans notre société occidentale. La mort, qui n'est, peut-être, qu'une autre vie...

    Avec Yaguel Didier, pas de TCI, de transe et autres manifestations spectaculaires pour communiquer avec l'au-delà. Tout comme Didier van Cauwelaert, son aventure dure deux ans. Mais alors que l'un expérimente la transcommunication et témoigne, l'autre prête son corps et devient actrice de l'Histoire. Elle entre en contact avec... Marie-Antoinette, soi-même, à Trianon! Dans "Mes conversations avec la Reine", la voyante devient la voix de la souveraine et converse avec l'historien Franck Ferrand. Celui-ci ne peut que constater, effaré, que tout ce que lui "transmet" Yaguel est rigoureusement, scientifiquement vrai. Ces entretiens ressemblent à une véritable fresque historique. Sciences humaines et paranormal feraient-ils bon ménage? Peut-être. Cependant, à l'instar de Didier van Cauwelaert, Franck Ferrand doute, s'interroge sur la véracité de ce qu'il voit et ce qu'il entend. Mais on veut y croire, il semblerait que la mort n'ait pas de sens pour ceux qui ont encore quelque chose à faire partager aux vivants!

 

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MADAME FIGARO- samedi 28 décembre 2002 – propos recueillis par Annick Lacroix

 Didier van Cauwelaert   

                    en direct de l’au-delà

Y a-t-il une vie après la mort ? Le romancier prend le risque d’apporter une réponse dans « Karine après la vie ».

Témoin de phénomènes paranormaux, il nous fait partager son expérience avec une jeune femme défunte. Éternel débat.

 

 Annick Lacroix. - Depuis « La Vie Interdite », l’histoire d’un défunt qui regarde notre monde de l’autre côté du voile, on connaissait votre curiosité pour l’au-delà. Mais c’est un roman. Avec « Karine après la vie », vous franchissez un pas – certains pensent les bornes ! -, puisque le mort qui parle est bien réel. C’est une jeune fille.

Didier van Cauwelaert. – Karine Dray morte à vingt et un ans dans un accident de voiture, dont j’apprends qu’elle communique avec ses parents en lisant le manuscrit où ils témoignent de leur étonnante expérience. Aurais-je été sensible à cette histoire si je n’avais pas écrit ce roman avant ? Je n’en sais rien. Mais la coïncidence me touche. C’est comme si mon imaginaire avait le pouvoir d’éclairer le chemin sur lequel je me retrouverai plus tard.

 A. L. - Et vous partez pour le Mexique, où les parents de Karine organisent un congrès international de transcommunication instrumental (TCI). De quoi s’agit-il ?

D. v. C. – D’une forme de communication avec l’au-delà à travers divers moyens audiovisuels et informatiques (magnétophones, ordinateurs), censés permettre aux défunts d’entrer en contact avec nous.

 A. L. – Une version moderne, technologique du spiritisme.

D. v. C. – Je ne sais pas si « spiritisme » est le mot ! La TCI est née au Vatican ! Très exactement le 15 septembre 1952. Le Père Gemelli, président de l’Académie pontificale des sciences et le Père Ernetti, physicien, philosophe, travaillent ce jour-là sur l’enregistrement de chants grégoriens. Le fil du magnétophone n’arrête pas de se casser, et Gemelli, exaspéré, appelle à l’aide son père défunt. Rien d’extraordinaire pour qui croit à la communion des saints. Mais sur la bande, on entend distinctement une voix répondre : « Bien sûr, Zuccone, je vais t’aider. Je suis toujours avec toi. » Zuccone – « Cornichon » - c’est le surnom que son père donnait au révérend Gemelli enfant. Empli de joie par cette manifestation paternelle, le prêtre est aussi envahi par la crainte : a-t-on le droit de parler avec les morts ? Les deux ecclésiastiques courent voir Pie XII.

 A. L. – Qui se fâche ?

D. v. C. – Pas du tout. Qui les rassure. Il ne s’agit pas là de spiritisme, leur dit-il, mais d’un objet technique. Donnez cela aux scientifiques et leurs conclusions permettront peut-être de fortifier la croyance en la survie. En 1996, l’Église, qui a toujours condamné la communication avec l’au-delà à travers les pratiques spirites, a ouvert elle-même la porte à ce type de recherches, en les autorisant officiellement dans l’Osservatore Romano. Pourvu, est-il précisé, qu’elles soient menées dans un but scientifique et avec des pensées d’amour.

 A. L. – Et depuis ?

D. v. C. – C’est l’explosion ! Il y a de plus en plus de gens qui essaient d’entrer en contact avec leurs défunts, en branchant leur magnétophone. De plus en plus qui y parviennent. Le Père François Brune (NDLR : prêtre et spécialiste incontesté des phénomènes paranormaux, et plus particulièrement de la communication avec l’au-delà, sur laquelle il a écrit de nombreux ouvrages) rend compte dans ses livres de ces expériences et du travail des scientifiques, experts en acoustique et de physiciens qui se sont penchés sur la question et pour qui, à priori, la fraude semble éliminée.

 A. L. – Vous y croyez ? Vous pensez vraiment que ces voix viennent de l’au-delà ? Qu’on peut brancher tranquillement son magnétophone et entendre parler ces morts ?

D. v. C. – Parmi tous les enregistrements que m’a fait écouter le Père Brune, il y en a un auquel je crois totalement, une histoire que j’adore. C’est une femme qui a entendu parler de transcommunication et rêve d’obtenir un message de son mari. Elle branche son magnétophone. Et voilà qu’on sonne à la porte. C’est une cousine. Elle a un problème avec la banque. Les deux femmes discutent. Et le magnétophone enregistre les deux voix au loin : « Tel quel, je ne peux pas endosser ce chèque postal », dis la cousine. « Qui t’a dit ça ? » demande la dame. Et là, sur la bande, la réponse de la cousine est couverte par une voix d’homme qui s’exclame : « Mais c’est Germaine, encore ! » Tout y est : le ton excédé, la voix lasse. Pas de messages signifiant sur l’au-delà, le paradis, de « Je suis heureux » etc. comme c’est souvent le cas. Alors là, je suis convaincu, j’achète. Parce qu’on ne peut pas imaginer une seule seconde que c’est ce que cette femme avait envie d’entendre de son mari !

 A. L. – On ne peut pas imaginer que ces voix dites d’outre-tombe soient en fait des projections inconscientes ?

D. v. C.  – Si. C’est la question que je me suis posée à propos de Karine en lisant le manuscrit de ses parents : Ou bien ces gens ont fumé la moquette ou ils leur faut imaginer que leur désir de l’entendre et la voir est si intense qu’il est capable de produire des phénomènes de ce style. Mais c’est une hypothèse qui ne rend pas les choses plus simples puisque ça revient à dire que l’esprit aurait le pouvoir de matérialiser des sons ou des images ! On sort encore des frontières du connu. Cela dit, dans un laboratoire de Toronto, des scientifiques affirment avoir imprimé sur une bande magnétique la phrase sur laquelle ils se concentraient ensemble.

 A. L. – Vous-même, vous racontez avoir reçu des messages de Karine. Sur magnétophone mais aussi via un ordinateur, sous la forme d’un gag. Là, on a quand même un peu de mal à adhérer à cette idée.

D. v. C. – Ça n’a pas été d’emblée plus facile pour moi ! Mais j’ai reçu le message sur magnétophone devant quarante personnes. Quant à l’ordinateur, j’étais au Mexique et je devais envoyer un papier au « Figaro Magazine » pour rendre compte de ce fameux congrès de TCI. Les parents de Karine m’ont proposé de venir le saisir chez eux. Ça s’est avéré un vrai cauchemar. Chaque fois que je tapais une double consonne, il affichait celle d’à côté ! J’ai d’abord cru à un dysfonctionnement. Maryvonne Dray m’affirmait qu’il s’agissait d’une manifestation de cette farceuse de Karine et qu’il fallait demander à celle-ci d’arrêter. Ce que, toute honte bue, j’ai fini par faire. Et l’ordinateur est redevenu normal.

 A. L. - Que les morts puissent être si « terre à terre », si l’on ose dire, si peu différents de ce qu’ils étaient vivants, qu’ils se soucient encore de Germaine ou inventent des gags,ça ne vous parait pas un peu farce ?

D. v. C . – C’est comme ça que j’avais imaginé les choses quand j’ai écrit « La Vie Interdite ». Avec un personnage qui se réveille après la mort et se découvre, non sans surprise, parfaitement identique à celui qu’il était avant. Peut-être évolue-t-on ensuite. On peut aussi imaginer que les défunts se présentent à nous tels que nous les avons connus pour se faire reconnaître. Qu’il ne peuvent entrer en communication avec les vivants par effet d’attraction, de résonance – comment savoir ? – que s’ils coïncident avec l’image qu’on a d’eux ? Karine de son vivant sur terre était une sacrée blagueuse. Je suis ravi et touché qu’elle puisse le rester dans l’au-delà !

 A. L. – Pourquoi ?

D. v. C. – Les seuls contacts que j’ai avec les êtres chers que j’ai perdus, c’est à travers les rêves. Or, chaque fois que je sens vraiment leur présence, le rêve prend la forme d’un gag. C’est un message d’humour, un truc surréaliste dont je me souviens toujours au réveil parce que c’est ma forme d’esprit. On reçoit ce qu’on est fait pour recevoir, ce qui va respecter notre structure de pensée, notre intégrité. C’est pourquoi je n’ai pas trop de mal à accepter l’idée que Karine ait pu me faire ce coup avec l’ordinateur (dans la mesure ou il reste inexplicable). Et c’est sans doute aussi pourquoi je me suis intéressé à son histoire au départ.

 A. L. – A la transcommunication ?

D. v. C. – A la transcommunication à travers une personnalité comme la sienne, très atypique par rapport à celles qu’on rencontre d’habitude dans les ouvrages – souvent graves – qui relatent des contacts avec l’au-delà. Avec son énergie, son humour, tout ce qui m’a touché et qui touche beaucoup de gens, si j’en juge par le raz de marée qu’il y a sur le livre et par les réactions que je reçois sur internet.

 A. L. – Qu’est-ce qu’on vous dit ?

D. v. C. – Il s’agit moins de la clientèle habituelle de ces sujets que de gens qui ont perdu un être cher et qui ont besoin d’être consolidés dans leur foi, confirmés dans leurs intuitions ou d’éventuels contacts déjà établis. Ce sont surtout des jeunes qui s’identifient à quelqu’un de leur âge ayant connu une mort brutale et qui continue de brûler la vie de l’autre côté.

 A. L. – Il y a aussi d’autres réactions, du genre « Didier van Cauwelaert a pété les plombs ». Vous aviez conscience de vous mettre en danger en quittant votre pré carré de romancier pour aborder ces sujets là ?

D. v. C. – Je savais que je prenais des risques. Mais pour moi un créateur qui ne prend pas de risques est mort. Je ne me délecte pas à déclencher des hostilités avec Karine. Je n’ai pas besoin d’avoir des ennemis et ça ne me gêne pas du tout de faire l’unanimité ! Mais avant tout je suis un écrivain, et ce que j’ai vécu au Mexique, avec son humour, sa folie généreuse, c’est tout ce qu’il me plait d’écrire. Je n’allais pas faire de rétention. Quoique j’ais quand même passé sous silence certaines anecdotes vraies, mais qui auraient donné l’impression que je voulais faire de la surenchère.

 A. L. – Qu’est-ce que ça doit être ! Ce que vous racontez dans votre livre dépasse déjà l’entendement. Vous avez vu des objets se matérialiser dans l’atmosphère, des instruments de musique jouer tout seuls, surgir des ectoplasmes dont celui d’un sage Arabe du X ème siècle !

D. v. C. – J’ai assisté à des séances conduites par un médium et dont la tradition se perpétue au Mexique depuis 1939. On les appelle « cuarto de luz » (chambre de lumière). Il s’y passe effectivement des choses ahurissantes pour la raison commune. Mais toutes les sommités qui s’y sont succédé depuis leur création – y compris les scientifiques les plus sceptiques et leurs protocoles anti-fraudes – n’ont jamais réussi à déceler le moindre trucage. Les parents de Karine m’y ont entraîné, ils disaient avoir rencontrer leur fille parmi les entités spirituelles qui prennent corps dans les séances. En ce qui me concerne, je n’ai vu qu’une silhouette.

 A. L. – Ça vous a plu au point de faire venir le médium à Paris, pour y organiser le même genre de séances !

D. v. C. – C’était tellement hallucinant et, en même temps, l’ambiance était si festive, légère, euphorique. Je n’imaginais pas qu’on pouvait communiquer avec les esprits dans ces conditions-là ! En tout cas, le Père Brune m’a certifié que, de ce fait, il ne pouvait s’agir de l’œuvre du Malin ! J’ai eu envie de faire partager cette expérience avec des amis, des curieux, des experts, des scientifiques. Que des gens divers me disent ce qu’ils en pensaient.

 A. L. – Et alors ?

D. v. C. – L’atmosphère était sensiblement la même. Les participants en sont sortis habités par une vraie gaieté. Sauf quelques parapsychologues institutionnels qui sont, eux, sortis très énervés parce qu’ils se sentaient attaqués dans leur prérogatives. Ils m’ont reproché d’oser faire ce genre d’expériences sans protocole scientifique, en amateur. Autrement dit, de les discréditer ! Mais les milieux parapsychologiques officiels sont tellement tétanisés par les rationalistes qu’ils n’osent plus rien tenter eux-mêmes !

 A. L. – Et les rationalistes, justement, ils ont dit quoi ?

D. v. C. – J’ai reçu des lettres de remerciements très sympa qui disent par ailleurs : « On n’adhère pas. Ça peut s’expliquer par l’illusionnisme ». C’est le « sésame, ferme-toi ». On remplace paranormal par illusionnisme et il n’y a plus de problème. Le lieu choisi pour les séances était contrôlé par huissier, sans trucage possible. Pas de faux plafond etc. Le médium a été fouillé avant chaque séance. Il est vrai qu’il ne s’agissait pas d’une fouille à corps comme en prison, donc on ne peut exclure un matériel ultra miniaturisé, mais là, on nage en plein délire. Le médium ne recevait pour sa prestation aucune contrepartie financière. Il n’a fait l’objet d’aucun battage médiatique. Il a dû supporter, pour venir à Paris, deux fois dix heures de voyage en avion, ce dont il a horreur. Mais pas de doute, c’est de l’illusionnisme !

 A. L. – Vous êtes sûr, vous, que ça n’en est pas ?

D. v. C. – Je ne suis sûr de rien ! Et je pense même que si on pouvait conclure, dans un sens ou dans un autre, mon libre arbitre serait bien embêté ! Mais dans les deux cas, à moins de faire l’impasse sur deux tiers d’éléments troublants, on ne peut pas conclure. Je ne cherche pas à faire de prosélytisme pour l’au-delà ou Dieu sait quoi. J’ai envie de permettre des réflexions, des rêves, des expériences hors de nos limites habituelles. Et surtout de casser les peurs et les frustrations. Si tout ça pouvait servir à ouvrir une brèche, j’aurais atteint mon but.

 A. L. – Au fond, pour vous, c’est un jeu !

D. v. C. – Non, c’est un cadeau. Je n’aime pas les gens qui vous vendent l’au-delà, la divination, de façon péremptoire. Je déteste la sorcellerie, les prophéties, la prédestination, tout ce qui prétend prendre le pouvoir, exercer une emprise. En revanche, quand le spectateur, l’auditeur, le lecteur repart avec un peu moins de limites, un peu plus d’air, alors là, oui je prends. Il n’y a pas que Karine.

 A. L. – Ah non ?

D. v. C. – Quand on se met à fouiller un peu, on découvre que sous les mots fourre-tout et un peu gênants de « surnaturel » ou « paranormal » il y a tout un pan d’expériences qui échappe aux lois communément admises et qui est absolument passionnant. Il y a par exemple, au XVIII ème siècle, des témoignages affirmant que certains jansénistes se montraient insensibles à la torture et même, sur le bûcher, refusaient de brûler. Comme si le fait d’être acculés à une forme de mysticisme marginal, d’être persécutés, accentuait une disposition que nous avons peut-être tous mais que nous n’exploitons pas. Les chinois ont vécu, paraît-il, la même chose avec certains moines tibétains.

 A. L. – Où avez-vous pris connaissance de tout ça ?

D. v. C. – Les archives ont été publiées et commentées par l’université de Princeton en 1978. Tout le monde peut y avoir accès, c’est disponible sur internet. Je dois dire que la découverte du janséniste ignifugé a été vraiment un choc pour moi ! C’est un sujet de roman extraordinaire. Mais ça s’est vraiment passé dans la vie. On est dans le registre d’un impossible qui devient vraisemblable. En même temps, l’observateur de la société que je suis – comme tout romancier – prend note du fait que ce genre de phénomènes engendre des crispations violentes chez les tenants de la raison pure. Alors que les scientifiques les plus pointus dans leur domaine ont, eux, cassé toutes les barrières.

 A. L. – Vous vous intéressez à ça aussi ?

D. v. C. – Je participe chaque année au festival Sciences Frontières de Jean-Yves Casgha. On y rencontre des chercheurs indépendants qui ont tendance à crever la faim mais qui seront les Prix Nobel de demain. Pour rester dans notre registre, il y a par exemple, des découvertes scientifiques récentes incroyables, comme celles du Dr René Péoc’h sur la capacité de l’esprit à influencer la matière. Notre conscience crée-t-elle le monde ? C’est vertigineux, mais c’est ce que nous dit la physique quantique.

 

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